Le Togo et le Bénin

En route pour la région du Vaudou

Arrivé en fin d’après-midi à la frontière togolaise, je suis abordé par quelques passeurs ghanéens qui m’informent que je dois enregistrer la sortie de mon véhicule sur la base de données informatiques de la douane du pays. A que cela ne tienne ! Alors que je refuse poliment m’attendant à un traquenard, le passeur me rétorque que mon véhicule ne sera plus autorisé à circuler au Ghana. Tant pis ! Je n’avais pas l’intention de faire la route en sens inverse de toute façon…

Après quelques formalités administratives, me voici de retour en terre francophone.

Une Traversée Togo-Bénin express

Je m’acquitte comme d’habitude des formalités d’usage à la frontière. Une charmante militaire ne souriant pas d’un poil me tamponne mon passeport d’un visa d’un mois.

Je décide de ne pas en profiter pleinement  et je prends la direction de Lomé et sa périphérie où je m’arrête pour une première étape dans mon périple pour rejoindre Roy.

Lomé est une capitale au bord de mer, grouillante de motos-taxis, où chaque arrêt à un feu rouge ressemble à un véritable départ de course de motos.

Départ de moto à Lomé

Il est malgré tout facile de se frayer un chemin à travers cette jungle urbaine. Ma première nuit est réservée dans un charmant petit hôtel au nom de  » Marie Antoinette » où je suis accueilli chaleureusement par le propriétaire allemand.

En effet le Togo fut jadis un  protectorat allemand jusqu’à la fin de la première guerre mondiale avant de passser sous giron français.

Certains de ses citoyens ont gardé un lien avec ce pays.

Apparemment Roy a séjourné plusieurs nuits dans cet hôtel et il avait averti le propriétaire de mon passage à Lomé. Touché par le paludisme, il a attendu d’être rétabli pour se mettre en route vers le Bénin où il a subi sa panne.

Mon séjour au Togo est bref, après avoir bu une bière fraiche, je décide de partir le lendemain et de ne pas m’attarder dans ce petit pays de moins de 150 kilomètres de large pour répondre à l’appel de détresse de ce camarade motard que je n’ai jamais vu.

Je reprends la route et me retrouve rapidement à la frontière du pays. Les douaniers béninois sont très professionnels et m’accordent un visa de 7 jours pour 30 000F CFA. Je roule jusqu’à Cotonou, la capitale sœur de Lomé, et je retrouve Roy  à un camping au bord de mer où il m’a donné rendez-vous et séjourne depuis une dizaine de jours en attente des pièces manquantes pour sa Harley. J’aperçois, après avoir garé mon fidèle destrier, ce grand Hollandais de 50 ans assis près d’une tente si imposante qu’il pourrait y loger sa moto. Une joie immense le parcours aussitôt qu’il me voit, et alors que j’approche il me souhaite la bienvenue à Cotonou dans un anglais impeccable et m’offre une bière locale en gage d’amitié.

Je mets fin au suspense de l’attente et lui donne de suite les pièces recherchées. Nous passons notre première soirée ensemble à discuter de son parcours ; il me raconte qu’il a pris une dispo de deux ans de son entreprise et qu’il comptait voyager d’Endoven aux Pays-Bas jusqu’au Cap de Bon Espérance, puis du Cap direction le continent américain via un transfert aérien avec sa moto pour partir du nord au sud également. Il m’échange aussi des informations vis à vis du Nigéria, pays tant redouté par tous les voyageurs… Le visa ne semble pas facile à obtenir, l’ambassade du Nigéria refuse de délivrer un visa pour les étrangers qui ne détiennent pas la nationalité béninoise. De plus les rumeurs sur l’insécurité et l’état des routes me donnent des sueurs froides.

Il est aussi question de visa pour le Cameroun et le Gabon que nous pouvons faire à Cotonou…

Il me présente à un autre résident de camping, surnommé Milano. Un tchèque qui voyage dans la même direction que nous… mais à bord d’un petit avion biplace !

Ce sympathique aventurier au faux air de Dartagnan est bloqué au Bénin depuis de nombreux mois, au motif qu’il a effectué un vol non régulier du nord au sud sans autorisation de vol. Ses pourparlers avec les autorités locales afin de récupérer son avion sont toujours en cours…(j’appendrais beaucoup plus tard qu’il s’est crashé au-dessus de l’Algérie dans un vol pour rejoindre l’Europe alors que ses économies étaient épuisées…il a survécu miraculeusement au crash).

En quête du précieux sésame.

Le lendemain, nous partons avec Roy faire le grand tour des ambassades dans l’espoir d’obtenir les visas des prochains pays que nous allons traverser.

A l’approche des grilles de l’ambassade du Nigéria, le gardien nous empêche de nous approcher et nous chasse…

Nous sommes plus chanceux à celle du Gabon, où le personnel y est beaucoup plus chaleureux et compréhensif (je fais la traduction à Roy qui s’exprime peu en français mais parle un anglais parfait).

Depuis le début de mon voyage, j’observe que l’atmosphère de l’ambassade reflète beaucoup la mentalité du pays qu’il représente.

Munis de notre visa gabonais, nous nous dirigeons vers celle du Cameroun. Les prix  y sont exorbitants et la difficulté augmente alors qu’on nous demande une preuve d’un billet d’avion que bien sûr nous n’avons pas puisque nous voyageons par la route.

Dans les couloirs, nous croisons des Français voyageant en pick up dont un couple de jeunes youtubeurs surnommé « les marioles trotter ». Ils sont  bloqués depuis plus d’un mois au Bénin car dans l’impossibilité d’obtenir un visa pour le Nigéria. Nous leur proposons de se retrouver autour d’un apéro afin de mettre en commun nos informations.

Ils nous apprennent que de nombreux voyageurs allant vers le Cap se heurtent à cet obstacle et que le précieux sésame est difficile à obtenir. D’ailleurs,  l’ambassade française décourage les voyageurs en les incitant à renoncer à leur projet et à faire demi-tour !

Roy, lui, m’explique la démarche à suivre ; trouver un Nigérian ou un expat résidant au Nigéria et lui demander une lettre d’invitation à transmettre au service de l’émigration pour avoir un visa provisoire.

Le visa dit « touristique » au Nigéria n’existant pas, il faut se rendre à l’aéroport de Lagos, soit à plus de 300km, muni de son laisser-passer et de sa lettre d’invitation, pour pouvoir imprimer son visa définitif.

Roy de son côté à déjà trouvé un expatrié sud-africain habitant Lagos qui a rédigé pour lui la lettre. Cependant, il demeure sans nouvelles du service de l’immigration.

Il me précise que deux autres baroudeurs japonais sont dans le même cas et ont décidé de prendre le bateau du Bénin jusqu’au Gabon à la fois pour éviter de prendre le visa mais en plus pour raison sécuritaire… Cette option est très onéreuse (plusieurs milliers d’euros) et il faut rejoindre sa moto par les airs car le bateau ne prend pas de passager.

Après avoir recoupé ces informations, je me connecte sur Couchsurfing , un site international pour les voyageurs qui souhaitent être hébergés par l’habitant. Je trouve le profil d’un Nigérian à Abuja et lui envoie un message.  Il me répond presque instantanément et m’explique qu’il est médecin chez Médecins Sans Frontières, qu’il parle le français et qu’il serait ravi de me faire la lettre d’invitation en territoire nigérian. Quelle aubaine ! Il m’informe aussi qu’il est actuellement en mission au Niger voisin mais qu’il peut demander à un ami architecte de m’héberger à Abuja durant son séjour.

De plus, il a un ami qui bosse au service de l’émigration et qui pourrait accélérer ma demande…

Quelle joie et quel soulagement de recevoir au grand étonnement de Roy, la confirmation 2 jours plus tard du service de l’émigration Nigérian pour la validation de mon visa à Lagos !

Cotonou, un faux air de la France des années 90

Je profite donc de quelques jours avant mon départ pour me détendre.

Cotonou est une ville vivante avec de nombreux restaurants parfois tenus par des expatriés français et libanais.

Je rencontre au fur et à mesure tout un microcosme, en effet beaucoup de franco-béninois avec l’âme de jeunes entrepreneurs sont revenus s’installer au pays pour y monter de nombreux projets. C’est vrai qu’ici la vie est douce et il semble que le président en place, Patrice Talon, favorise ce genre d’entrepreneuriat.

Alors que je sirote un cocktail au Coco Beach, un bar- restaurant qui propose des grillades au bord de mer avec mon acolyte Roy (qui ne passe jamais inaperçu avec sa Harley Davidson) je rencontre les deux patrons du bar : Mohamed un jeune Libanais et Patrick un franco-béninois avec qui je sympathise.

Durant la conversation, ils me racontent qu’ils organisent un évènement le jeudi soir mais qu’ils cherchent un deuxième Dj pouvant animer une partie de la soirée.

Je leur réponds que j’ai une petite expérience dans le mixage de musique africaine et banco ! Ils me programment pour le jeudi soir en échange de grillades et bières gratuites !

La soirée est mémorable… et je regrette que je ne puisse pas m’attarder plus dans ce pays si chaleureux !

Malgré toutes ces belles rencontres, notamment un groupe de surfeurs fréquentant le Coco Beach,  je ressens au fur à mesure une pointe de stress monter en moi…

Et si les Japonais avaient raison de prendre le bateau ?…Les routes nigérianes sont réputées pour être les plus dangereuses au monde, une vraie sortie de zone de confort à vrai dire !

Un spot de surf réputé à Cotonou

Une bénédiction Vaudou

Heureusement, durant mon séjour au camping, un roi d’un village du nord du Bénin, de passage dans la capitale, m’offre un gri-gri censé me protéger durant mon périple ! Je le remercie chaleureusement même si je suis pas réellement superstitieux et j’en profite pour faire mes adieux à Roy.

Des rencontres inoubliables…

Je m’octroie une dernière nuit dans un hôtel confortable avant de quitter le Bénin.

Mon sommeil est terriblement perturbé tant l’angoisse de rouler au Nigéria est importante.

Un ancien collègue médecin avec qui je travaillais au Club Med m’envoie des messages alarmant sur la situation au Nigéria. Notamment il me transmet de nombreux articles sur des enlèvements de touristes étrangers ce qui ne fait que rajouter à mon angoisse !

Malgré tout, je reste déterminé, et j’enfile le porte bonheur offert par le roi en espérant qu’il me porte bonheur.

Triste de quitter mon compagnon d’infortune qui n’a toujours pas de nouvelle de son visa, je prends la route direction la ville frontalière d’Akakre pour quitter le Bénin et enfin affronter seul l’inconnu des routes nigérianes…

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