Pour arriver en moto, le Chiapas est un état qui se mérite ! Nous avons dû traverser l’isthme de Tehuantepec, où se situe le plus grand parc éolien du pays en raison des vents violents qui soufflent en continu. C’est notamment le cas de la Ventosa où nous avons pu observer des milliers d’éoliennes dont l’implantation par les multinationales a déclenché la colère des populations indigènes qui y vivent et dont l’indemnisation n’est pas toujours suffisante. C’est ce que nous a expliqué Jazz, la première coach-surfeuse qui nous a accueillis dans la ville de Escuintla après nous avoir recommandé de passer notre première nuit dans ce nouvel état à Tonala, ville dont elle est originaire.
A Tonala, notre passage fut bref, mais nous avons eu l’occasion d’observer de nouveau un coucher de soleil splendide, à moto cette fois, parsemé d’éclairs. En effet, il s’agit de la saison des pluies au Chiapas, et nous n’allons pas tarder à nous apercevoir que nous ne sommes pas suffisamment équipés ! Nous vous laissons admirer les reflets roses des derniers rayons du soleils sur le petit port El Perdon, où nous voyons le retour des pêcheurs.
Le lendemain, nous reprenons notre route, et c’est sous une pluie diluvienne et de nuit que nous arriverons à la petite ville d’Escuintla, pour partager une soirée et une nuit en compagnie de Jazz, une jeune mexicaine professeur des écoles dans un village de montagne chiapaneco. Après nous être réchauffés avec quelques verres de Mezcal artisanal (alcool local fait à base d’agave) acheté dans une station service de Oaxaca, Jazz nous fait part de tous ses conseils sur ce que nous pourrions visiter dans le Chiapas qu’elle connait par coeur, notamment des lieux peu fréquentés par les touristes.
Alors que nous avions le projet de rejoindre la ville de San Cristobal de las Casas en passant par Tuxtla, elle nous suggère, si toutefois nous sommes prêts à prendre le risque compte tenu de la route difficile à moto car sinueuse et en altitude, de passer par la Sierra Madre en longeant la frontière avec le Guatemala. Nous décidons de relever le défi !
Nous gravissons plusieurs centaines de kilomètres à travers la montagne, malgré la faible puissance de notre bolide (pour rappel une Honda 125 !) nous arrivons jusqu’au sommet où se trouve un mirador qui donne vue sur la ville de Motozintla que nous rejoindrons sous la pluie. Cette ville très pittoresque est peuplée majoritairement de Mexicains d’origine indigène et de Guatémaltèques frontaliers. Face à la température résolument faible, nous sommes obligés…d’acheter du vin ! Nous le dégustons depuis notre balcon, devant un beau coucher de soleil, accompagné de fromage artisanal, enveloppé d’une feuille de bananier que nous avions acheté un peu plus tôt sur le marché. Le tout, en bons Français, avec du pain bien sûr, vendu par des boulangers ambulants se déplaçant à l’aide d’une petite moto.
Après une bonne nuit de sommeil et une douche bien chaude pour une fois, nous reprenons notre route avec pour objectif d’arriver à Comitan de Dominguez, labellisé « Pueblo Magico » où nous comptons passer deux nuits. La route est splendide, le soleil inonde le massif, nous sommes à quelques kilomètres à peine du Guatemala. A Amantenango, nous sortons de la route principale car nous avons repéré un chemin qui mène de l’autre côté de la frontière en 3 kilomètres. Alors que nous nous arrêtons prendre un café, le vendeur nous informe qui s’agit d’une « zona libre » et que par conséquent, nous pouvons emprunter cette voie exempte de douanes et traverser librement… c’est parti pour jouer les passagers clandestins !
Comitan de Dominguez est la quatrième ville du Chiapas. Dôtée d’un centre à l’architecture coloniale héritée de la conquête espagnole, cette charmante ville nous a permis de faire la connaissance de René, un motard mexicain qui a accepté de nous héberger via l’application coach-surfing. Ce grand gaillard, nous a invité à déguster les spécialités culinaires de Comitan dans un restaurant seulement connu des locaux : « chalupas » y « pan con puesto ».
Après un excellent repas et une soirée d’échanges très intéressante, nous prenons la moto afin de nous rendre à la Cenote de Chucumaltik, dont nous avez parlé notre première coach-surfeuse, et dont l’accès est quasi impossible pour ceux qui ne connaissent pas bien cette région. Il s’agit d’une cenote magnifique, d’une profondeur d’environ 60 mètres, située au cœur d’une propriété privée, dont l’entrée mal indiquée se fait via un ranch au bord de la route. Il faut ensuite marcher environ 1km pour découvrir ce lieu incroyable et confidentiel.
En poursuivant un peu notre route, nous traversons un village nommé San Francisco Uninajab, un lieu parcouru par des piscines naturelles qui sont la confluence d’eaux provenant de différentes sources. Les habitants de cette ville profitent de cette eau claire pour se rafraîchir tout au long de l’année. Un peu plus loin encore, nous découvrons la lagune de Koila où nous nous accordons une petite pause avant de rebrousser chemin.
Dans l’après-midi, nous nous rendons aux Cascades El Chiflon, un lieu spectaculaire qui abrite 5 cascades parmi les plus hautes du Chiapas, d’où l’on peut observer une eau bleue turquoise et se baigner par à certains endroits. Une randonnée de quelques kilomètres nous amène jusqu’à l’impressionnante cascade principale, celle du « voile de la mariée », d’une hauteur de 120 mètres. Si le retour peut se faire en tyrolienne, nous choisissons néanmoins de redescendre à pied, afin de profiter une deuxième fois de ce décor naturel somptueux.
Nous ne sommes plus qu’à une journée de route de San Cristobal de las Casas, capitale culturelle du Chiapas, que nous vous proposons de découvrir, ainsi que les trésors de l’ancienne cité Maya de Palenque, dans un prochain article…